Des collégien·nes à Auschwitz : « Une visite lourde d’émotion »

- Les 12 et 13 mars, 150 collégien·nes de Seine-Saint-Denis se sont rendus en Pologne, à Cracovie et à Auschwitz pour un voyage mémoriel sur les traces de la Shoah.
- Nous les avons accompagnés.
80 ans après la libération du camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, où 1,1 million de personnes dont 960 000 Juives et Juifs de toute l’Europe ont été assassinés, Salma a le visage fermé. « C’est le plus grand cimetière du monde mais sans tombes », lâche-t-elle.
Comme elle, 150 élèves de 3e issus de 5 établissements différents – les collèges Henri-Wallon à Aubervilliers, Gustave-Courbet à Romainville, Paul-Painlevé à Sevran, Joliot-Curie à Stains et Louis-Pasteur à Villemomble – ont fait le déplacement. Accompagnés par leurs professeur·es, ils et elles ont visité Auschwitz-Birkenau, symbole des crimes de masse du Troisième Reich. C’est la deuxième fois qu’un tel voyage est organisé par le Département, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. « Aller sur place permet vraiment de prendre la mesure des atrocités perpétrées par les nazis, souligne Sacha Silberman, guide-accompagnateur au Mémorial. 90 % des Juives et Juifs déporté·es depuis la France sont arrivé·es à Auschwitz-Birkenau ».

Vue de la « Judenrampe » où des Juifs de toute l’Europe ont été déportés dans des conditions inhumaines. Entre 70 et 80 personnes étaient entassées par wagon.
Mieux comprendre
Devant l’immensité des camps, là où des centaines de milliers de déporté·es Juif·ves, Tsiganes, homosexuels, résistant·es polonais et soviétique étaient entassés, Sabile est attentive aux explications de la guide. Elle explique être « chanceuse d’être ici pour pouvoir transmettre cette mémoire ». Emmitouflée dans sa doudoune, la collégienne est confrontée à l’horreur du génocide. « Quand je vais rentrer en France, je vais raconter ce que j’ai vu à toute ma famille ».
A l’intérieur d’un baraquement en bois, où dormaient des détenus sur trois niveaux, Mubin, 15 ans, s’interroge : « Il y avait au moins des matelas ? ». Fabien Pontagnier, son professeur d’histoire-géographie lui répond : « Non, les conditions de détention étaient plus qu’inhumaines. Il faut bien que vous compreniez que la déshumanisation était totale ». Devant les vestiges des chambres à gaz, dynamitées par les S.S avant l’arrivée des troupes Soviétiques le 27 janvier 1945, la guide Dorota raconte sans détour le processus d’extermination. « La mort survenait après 20 minutes d’étouffement, précise-t-elle. Chaque jour, des milliers de personnes pouvaient être gazées en même temps ».
A Auschwitz I, face à l’amoncellement d’effets personnels – chaussures, valises, lunettes, prothèses – ayant appartenu aux déporté·es, l’émotion est forte. « On prend vraiment conscience ici du nombre de morts, souligne Nady, élève au collège Joliot-Curie à Stains. Ça m’a vraiment ému ».
Ne jamais oublier
Aujourd’hui, à l’heure ou les derniers témoins de la Shoah disparaissent, c’est à la jeune génération de transmettre. « Je pense que vous allez vous souvenir longtemps de ces deux jours passés en Pologne, souligne – devant les élèves réunis pour un dépôt de gerbe – Dominique Dellac, vice-présidente au Département chargée du patrimoine culturel et de la mémoire. Ce travail d’histoire et de mémoire permet d’avoir un regard critique et de s’ouvrir au monde ».
